Goscinny et la traduction

Arte a diffusé jeudi soir un excellent documentaire sur René Goscinny, réalisé par Guillaume Prodovnik, en 2017.
Le film intitulé René Goscinny, mon oncle d’Armorique est disponible en replay jusqu’au 20 avril 2020.

Une partie du film a particulièrement retenu mon attention.
En voici la transcription :

[13:00] Goscinny Je vérifie toutes les traductions. Il y a des langues que je connais [français, anglais, espagnol] et je vérifie la traduction elle-même.
Et pour les autres langues, je me fais retraduire pour vérifier.

Narrateur : En ce qui concerne la version allemande, l’amour des Germains pour les irréductibles Gaulois explose en 1963 lorsque De Gaulle et Adenauer scellent leur amitié entre les deux grands pays.
Surfant sur la popularité d’Astérix, un éditeur publie une version, disons… alternative.

Klaus Jöken (traducteur allemand d’Astérix) : Astérix est très vite devenu célèbre.
Goscinny et Uderzo étaient ravis jusqu’au jour où ils ont lu dans le journal, qu’en Allemagne, Astérix faisait de la propagande néo-nazie.
Ils ont découvert que leur éditeur avait vendu les droits sans leur accord et que l’éditeur allemand avait complètement changé l’histoire.
Les Gaulois étaient devenus des Germains et l’histoire faisait référence à la Guerre froide.
Les Gaulois étaient devenus des Germains de l’Ouest et les Goths, des Germains de l’Est.
Et l’occupant, les Romains, faisaient penser aux Américains.
En plus, c’était truffé d’idées d’extrême droite et de sous-entendus antisémites.

Narrateur : Depuis l’interdiction de cette version, et encore aujourd’hui, toutes les traductions étrangères sont retraduites vers le français et vérifiées.
On ne peut faire confiance à personne.
Il y a des imbéciles partout.
Et ça, Goscinny en est convaincu.